Bienvenue sur le blog associé à mon podcast « Être parents dans l’intensité ». Comme dans chaque épisode, mon objectif ici est de partager avec vous des pistes concrètes, des réflexions authentiques et des encouragements pour naviguer la réalité parfois chaotique (mais tellement riche !) d’être parent d’un enfant émotionnellement intense. Cet article est la version écrite de l'épisode 4 où on continue d’explorer les fondements de la parentalité adaptée à nos enfants comme à nous-mêmes. Pour celles et ceux qui nous rejoignent ici, prenez le temps de lire, de respirer, et sachez que vous n’êtes jamais seul.es à vivre cette intensité.
La sécurité, la première pierre de notre parentalité
Dans l’épisode précédent, on a parlé du sentiment de sécurité, chez nos enfants, mais aussi chez nous, parents. Et c’est là que tout commence. Rien ne peut réellement évoluer si ce sentiment n’est pas ancré. Il peut être troublant de constater que, même si on répond aux besoins matériels et de base de nos enfants, leur sécurité émotionnelle (et la nôtre !) n’est pas toujours acquise. Les enfants émotionnellement intenses ressentent tout... parfois de travers, toujours intensément. Un bruit, un regard, une transition trop rapide, et voilà que leur monde est chamboulé. Pour nous parents, le sentiment d’être sous pression, d’être jugé.e, ou de ne pas être à la hauteur, attaque aussi notre propre sécurité. Nommer cette réalité, c’est déjà faire un premier pas essentiel.
Être compris, validé et soutenu : besoins fondamentaux de toute la famille
Nous et nos enfants avons tous besoin de reconnaissance, de validation, de soutien. C’est à la fois simple et si complexe. Pour que nos enfants se sentent vraiment en sécurité, il faut qu’ils sentent qu’on les comprend, qu’on les accepte dans ce qu’ils vivent (même quand ça explose !) et qu’on est là, peu importe la situation.
Le problème, c’est que trop souvent, ces enfants-là — et nous aussi ! — manquons cruellement de cette reconnaissance. Ils sont vite étiquetés : “paresseux”, “mal élevés”, “distraits”,... On projette plein de jugements, parfois même sans s’en rendre compte. Nous aussi, comme parents, ça nous arrive de ne pas réussir à les comprendre, de ne pas trouver comment les soutenir. La fatigue, le doute, les conseils contradictoires, font qu’on manque parfois de ressources pour y arriver. Tout ça c’est humain, alors essayons de laisser la culpabilité de côté autant que possible.
Les enfants agissent bien quand ils peuvent
Je reviens toujours avec ça : « Les enfants agissent bien quand ils peuvent. » Nos enfants ne font pas exprès pour nous compliquer la vie, ni pour nous mettre dans l’embarras. Lorsqu’ils ont des comportements difficiles (retards, crises, silence, refus... la liste est longue), c’est souvent le signe qu’il y a un besoin, une peur, une incompréhension ou une difficulté derrière.
Nous avons tous tendance à juger le comportement et à corriger l’attitude ou l'action – surtout quand la société ou l’entourage nous pousse dans ce sens. Mais le problème n’est PAS l’enfant. Le vrai questionnement c’est : qu’est-ce qui le bloque ? Pourquoi il/elle n’arrive pas à faire ce qu’on attend de lui/elle ? Chaque comportement est le sommet d’un iceberg. C’est notre responsabilité — oui, c’est lourd à porter parfois ! — de chercher la vraie cause, pas de corriger ce qu'on voit en façade.
Exemples du quotidien : sortir de l’étiquette, comprendre l’enfant
Prenons quelques exemples concrets, tiré de nos vies de parents :
- L’enfant « lent » le matin : peut-être qu’il a peur de l’école, ou qu’il gère mal les transitions.
- L’enfant qui ne dit pas bonjour : il/elle est peut-être envahi·e sensoriellement, ou ne comprend pas le code social implicite.
- L’enfant qui oublie ses affaires : anxiété, trouble de l’attention, ruminations internes...
- L’enfant qui bouge ou dérange en classe : ennui, décalage avec le rythme de la classe, surcharge ou désengagement pour ne pas affronter l’échec.
C’est demander l’impossible à nos enfants de faire ce qui est hors de leur portée dans l’instant. Un jour, ils y arrivent ; le lendemain, plus rien ne fonctionne, ce qui porte encore plus à confusion. Mais ça cadre parfaitement avec leurs profils quand on s'y attarde.
Adapter le quotidien : réduire les exigences pour mieux avancer
Un des grands enjeux, c’est que, dans l’urgence de notre quotidien, nous avons le droit, et même le devoir d’adapter nos attentes. Si le matin, chaque tâche à accomplir tourne à l’affrontement, pourquoi ne pas alléger le programme ? Faire le lunch à la place de l’enfant, l’aider à enfiler ses chaussures, préparer en avance ce qui peut l’être... Même à 12 ans et plus, ce n’est pas « grave » de soutenir son enfant quand il n’y arrive pas le matin. Et ce n’est pas tous nécessairement les jours ; mais c’est l’état du jour qui prime.
Et si c’est la routine du soir qui coince, on l’adapte aussi. Choisir ses combats, ce n’est pas baisser les bras, c’est investir notre énergie là où c’est crucial pour l’équilibre de la famille.
Des solutions comme acheter des chaussures sans lacets existent, contourner les obstacles « pratiques » nous permet de limiter les frustrations et de préserver l’énergie collective. Parfois, ce n’est pas le moment d’apprendre, mais juste de traverser la tempête en gardant la paix.
La société et ses exigences : sortir du cadre
Nous vivons dans une société qui a un « moule » bien précis pour ce qu’est un « bon parent » et ce qu’est un « bon enfant ». Pour nos familles, ce moule est souvent un piège. Nous y rentrons difficilement, ou pas du tout. Se battre pour y rentrer ne fait qu’ajouter de la souffrance et des deuils.
Osons sortir du cadre quand il ne nous convient pas. Puisque personne, autour de nous, ne vit exactement la même chose, il faut s’inventer de nouvelles façons, assumer nos différences. Ce n’est ni facile, ni linéaire — on tente, on recule, on ajuste — mais c’est essentiel pour retrouver la paix et la confiance dans notre parentalité hors des sentiers battus.
Ce que les autres pensent… et le poids du jugement
Le regard des autres nous pèse très souvent. Entre jugements directs et petites remarques (voire le silence ou regards de travers), tout nous pousse à douter de notre capacité parentale. Ce sentiment d’isolement, de différence, il est partagé par beaucoup d’entre nous. Ce n’est pas une impression : il est bien réel, et il touche aussi fort le parent que l’enfant.
Quand, heureusement, nous croisons des personnes qui comprennent ou qui accueillent notre vécu sans juger, tout s'apaise. Ça nous redonne confiance pour écouter notre intuition, pour faire différemment, pour agir en ligne avec nos valeurs. Plus on s’entoure de personnes-ressources positives et (vraiment) soutenante, plus c’est facile de rester centré·e sur nos besoins et ceux de nos enfants. N’hésitons pas à limiter la proximité avec les personnes qui nous sapent le moral ou nous font douter de nous !
« Les études disent que… » : développer son esprit critique
On lit, on entend, on nous assène encore et toujours des « il faut » venant d’experts, d’études, de « méthodes scientifiquement prouvées pour les enfants ». Mais quand on regarde de plus près, nombre de ces études ne prennent pas en compte nos enfants atypiques et oublies plusieurs réalités hors «normes». Ce qui est considéré comme «LA» bonne méthode peut être inadapté, voire nuisible, pour des enfants neuroatypiques ou ayant vécu des trauma, par exemple.
Gardons notre esprit critique. Aucun “manuel” n’existe pour nos enfants ; seule nos observations et l’écoute de notre intuition, petit à petit, nous guide vers des approches plus adaptés. C'est ok de remettre en question ce qui ne nous convient pas.
Deux actions concrètes à essayer
Pour terminer, voici ce que je propose d’essayer, dès aujourd’hui :
- Choisir une situation problématique récurrente avec nos enfants (par exemple, la routine du matin) et s’interroger : qu’est-ce qui est difficile pour mon enfant là-dedans ? Comment pourrais-je adapter, alléger, soutenir ce moment ? Il ne s’agit pas de tout “réparer”, mais d’ouvrir une brèche, d’essayer un petit changement.
- Identifier dans notre entourage une personne (ou un groupe : Facebook, cercle d’amis, intervenante, etc.) qui nous comprend ou nous accueille sans jugement, et augmenter nos contacts avec cette personne. À l’inverse, c'est ok de limiter les contacts à ceux qui, même inconsciemment, remettent en doute nos compétences parentales. Juste pour un temps, juste pour souffler (ou pour plus longtemps, c'est selon)
Conclusion : faire confiance à notre chemin unique
Nous sommes déjà des parents fantastiques. Nos enfants aussi sont des personnes uniques, parfois déconcertantes, souvent épuisantes, mais toujours précieuses. La perfection n’existe pas ; seule l’intention, l’ajustement, l’écoute comptent.
Merci de faire ce bout de chemin avec moi, dans le podcast ou ici. Si cet article résonne en vous, partagez-le autour de vous, vous passerez le message à d'autres parents que vous êtes une personne de confiance pour eux. Continuons à apprendre, mais surtout, à AGIR, car c’est là que la différence se fait dans nos familles.
À bientôt pour la suite — et, surtout, prenez soin de vous, car c’est là que tout commence.