1. Regulation
Pour faire simple, on va dire que ça signifie «rester calme». Plus précisément, ça veut dire être en phase avec le contexte. C'est lorsque nous ressentons des émotions qui correspondent à l'espace et au moment dans lesquels nous nous trouvons et que nous ne nous sentons pas stressés ni effrayés par quoi que ce soit. C'est à ce moment-là que les enfants sont capables de collaborer, d'apprendre, de suivre les demandes et d'agir de la manière attendue.
Lorsque les enfants ne sont pas régulés, ils sont dérégulés (ou désorganisés) et c'est là qu'ils agissent d'une manière qui est souvent considérée comme «inappropriée» à la situation. Quand ils se comportent comme ça, ils ne contrôlent plus leurs émotions et sont en réaction de stress. Dans cet état, ils ne sont pas capables de faire ce que nous pensons qu’ils devraient pouvoir faire (ou qu’ils sont généralement capables de faire). C'est pour ça qu’on veut les aider à se sentir en sécurité, pour qu'ils puissent sortir du mode stress. Et de notre point de vue, ils sont en sécurité, mais eux ne se sentent pas en sécurité et il y a de nombreuses raisons possibles. Et encore une fois, ce n'est pas de votre faute, vous ne faites rien exprès pour les stresser ou les effrayer, j'en suis convaincu. Mais leur intensité les rend plus réactifs à de nombreux déclencheurs.
Il existe plusieurs façons de soutenir la régulation chez les enfants, principalement basées sur les fonctions sensorielles ou la pleine conscience. Vous trouverez ci-dessous des ressources pour approfondir ce sujet.
2. Éviter l'escalade
Nous devons être régulés (nous les parents) en grande partie pour éviter l’escalade qui se produit souvent lorsque notre enfant émotionnellement intense se désorganise. Parce que quand ils sont dans cette état dérégulé, ça nous met aussi en mode stress et on est donc également dérégulés et c'est dans ces moments-là que nous agirons d'une manière que nous regretterons souvent plus tard, parce qu’on sait qu’on aurait pas dû agir comme ça, mais on ne peux pas contrôler nos propres émotions et réactions quand on est dans cet état. Pour en savoir plus sur ce sujet, consultez toutes les informations sur Rester calme lorsque votre enfant ne l'est pas.
Il faut aussi éviter de mettre de l'huile sur le feu en donnant des conséquences. Quand votre enfant ne peut pas faire quelque chose parce qu’il est en mode stress, ça ne l'aide pas à ce moment-là, ça diminue son sentiment de sécurité et le met en situation d’'échec puisqu'il ne contrôle pas son comportement et ne peux pas le changer. C’est donc inutile et nuisible.
3. Attentes
La société place souvent des attentes élevées à l’égard des enfants, on s’attend à ce qu’ils soient calmes et se comportent d’une certaine manière selon chaque situation. Et en tant que parent on a ces attentes aussi, influencés par la société en général et par notre entourage personnel (amis, famille, collègues).
Pour les enfants émotionnellement intenses, ces attentes sont très probablement irréalistes et inaccessibles, du moins elles ne le sont pas toujours. La première chose à faire est donc de se demander si l’attente est réaliste à ce moment ou dans ce contexte particulier. C'est vraiment important, car une chose qui revient souvent chez les parents est l’étonnement que «hier, elle était capable de rester immobile en faisant la queue, pourquoi ne peut-elle pas le faire aujourd'hui!».
Le fait est que, pour certaines raisons, hier, ils avaient la capacité de rester calmes et en contrôle à ce moment particulier, mais aujourd’hui ce n’est pas le cas. Donc, à ce moment-là, nous devons modifier nos attentes par rapport à eux.
Réduire les attentes ne signifie pas abandonner le potentiel de nos enfants. Ça veut dire reconnaître qu’ils ne sont peut-être pas prêts pour certaines tâches ou situations à ce moment-là. En réduisant temporairement leurs attentes, on crée un espace qui leur permet de se concentrer sur d'autres domaines et de développer les compétences nécessaires pour relever ces défis à l'avenir.
4. Adapter l'environnement
L’un des moyens de modifier les attentes est d’adapter l’environnement qui les entoure.
- Supprimer les tentations : ils mangent toujours des biscuits alors qu’ils ne devraient pas ? Mettez les dans un endroit où ils ne peuvent pas atteindre ou savoir qu'ils sont là,
- Fournir une structure : ils ont besoin d'une certaine liberté d'action et de contrôle dans leur vie, mais ils ont également besoin d'une certaine structure et d'une certaine routine pour savoir à quoi s'attendre. Ils ont aussi souvent besoin de plus de cohérence de notre part que les autres enfants et cela peut être difficile (moi je j'ai du mal avec celui-là!).
- Offrir un échafaudage : ce qui veut dire leur donner un coup de main en cas de besoin, même s'il semble qu'ils soient assez vieux pour faire quelque chose ou qu'ils le font normalement mais qu'aujourd'hui ils ne le font pas. En faisant ça, on leur permet de développer les compétences nécessaires ou d'en utiliser une autre pour l'instant, et ils pourront y revenir plus tard.
5. Jouer au détective
Pour pouvoir répondre au mieux aux besoins de votre enfant, vous devez d’abord définir clairement quels sont ses besoins. Et aussi simple que ce soit à dire, c’est loin d’être simple à faire. La plupart du temps (mais pas toujours), ils n’expriment pas clairement leurs besoins.
Il faut donc jouer au détective pour pouvoir les comprendre. Ça demande beaucoup d'observation, de curiosité, de prise de notes, de photos (ma méthode préférée), de temps et d'énergie, mais une fois que nous comprenons mieux leurs besoins et leurs déclencheurs, nous pouvons beaucoup plus facilement les soutenir de manière à travailler réellement avec eux.
6. Éviter la « planification future »
En tant que parents, on s'inquiète souvent de l’avenir et souhaitons le meilleur pour nos enfants. C’est donc très facile de s'enfoncer dans une spirale quand on pense qu'ils pourraient ne pas réussir quelque chose, se blesser ou ne jamais devenir des adultes fonctionnels. Et puis on passe en mode stress et sommes à nouveau dérégulés.
Au contraire, en se concentrant sur le présent et en répondant à leurs besoins ici et maintenant et en nous rappelant qu'ils ne peuvent pas le faire «pour le moment», nous pouvons essayer d'éviter ce sentiment que nos enfants sont destinés à un avenir sombre.
Et en se concentrant sur la satisfaction de leurs besoins réels dès maintenant, nous renforçons leur estime d’eux-mêmes, les faisons se sentir compris et leur fournissons une base solide pour leur croissance future. C’est difficile, mais bien moins efficace, que de céder à la peur.
Vous pouvez également craindre que les ajustements apportés maintenant aient un impact négatif sur leur développement et leur indépendance plus tard. C’est important de se rappeler qu’en vieillissant, ils auront naturellement davantage de contrôle sur leur environnement et s’adapteront en conséquence par eux-mêmes. Ils ont beaucoup moins de contrôle maintenant, à l’école ou à la maison, parce que les adultes contrôlent la plupart des adaptations possibles. En leur fournissant le soutien dont ils ont besoin maintenant, nous les aidons à se développer à leur propre rythme et à renforcer leur confiance et leur résilience en leurs capacités. Sans l’adaptation dont ils ont besoin, ils se décourageraient beaucoup plus rapidement.
7. Accepter le changement
Le changement peut être effrayant, surtout quand il s'agit de changer la façon dont nous élevons nos enfants en fonction de la façon dont nous avons appris que nous devrions le faire. Mais, en nous permettant de changer les choses pour mieux répondre aux besoins de nos enfants (et aux nôtre) et en adaptant nos stratégies, nous créons un environnement qui soutient en même temps l'intensité émotionnelle et les forces de nos enfants (car ils en ont aussi beaucoup).
Il ne faut pas de changer notre enfant ; il faut changer l'environnement et nos attentes pour permettre à nos enfants de gérer leurs émotions et de développer les compétences nécessaires pour s'épanouir.